L’Inde , l’eau, la boue et la mousson … ou la chute d’un ange

Publié le par elodie

Bon, replantons un peu le décors ; mon entreprise a décidé de déménager à Baroda, petite ville du Gujarat, et Baroda a décidé de mettre les entreprises dans la zone « industrielle », logique. Sauf qu’en Inde, la zone « industrielle » est plutôt une zone « de campagne », avec des industries. Je récapitule donc pour ceux qui ne suivraient pas, ainsi, je vais gaiement, tous les matins, dans la zone « industrielle » « de campagne » pour retrouver mon usine préférée. Et le soir, toujours gaiement, je rentre par les mêmes petites routes defoncées (campagne oblige), zigzaguant entre trous, ornières, et marres à canards.

Sauf qu’en Inde, en ce moment, c’est la mousson, et que la mousson ça signifie, beaucoup mais vraiment beaucoup d’eau.

Le recit suivant se passe donc dans ce decors, je viens de quitter l’usine et me retrouve stoppée, quelques centaines de mètres plus loins, par un obstacle qui mérite réflexion.

Et nous y voilà, d’un coté la route, droite, évidente avec son étendue d’eau boueuse pleine d’incertitudes et de trous malicieux prêts à m’engloutir. De l’autre le bas côté, tortueux, pour le coup vraiment boueux mais limpides des difficultés qui m’y attendent … Mon coeur balance, après moult réflexions difficiles je finis par me décider, va pour le bas côté ! Je sers donc la poignée de l’accélérateur et m’engage résolument sur les traces de mes prédécesseurs. Le début se passe plutôt bien et je me félicite intérieurement de ce choix judicieux. Je lorgne vers un autre individu qui, lui, a choisi la traversée incertaine et ce démene dans les nids de poules qui avalent sa moto sans prevenir, ce qui, bien sur, a pour effet de l’asperger joyeusement. He, he, he, moi, je suis au sec.

Mais d’un coup, les évènements semblent se précipiter. La moto patine, s’embourbe, dérape, ouh la la, je vais perdre l’equilibre … pas le choix il va falloir mettre un pied à terre ! A « terre », que dire … ma chaussure est à peine entrée en contact avec ce qui devait être le sol que je la vois disparaître sous une masse gluante et gloutonne. Horreur … , la moto s’incline, rugissant des gerbes de boues noiratres à tout va. A cet instant précis, et pour ceux qui ne suivraient toujours pas, ma situation est … vraiment critique, bien que, je tiens à le préciser, je sois encore entièrement au sec (sauf la chaussure droite pour qui, malheureusement, il n’y a plus rien à faire). Dans un dernier réflexe de survie donc, ma main lache l’accélérateur et tente de réceptionner mon « déséquilibre », mais trop tard, la gravité a fait son oeuvre, je m’affale de tout mon côté dans la marre.

Mon compagnon motard a disparu, remplacé par une colonie de cageots pourrissants qui flottent gaiement vers d’autres horizons, emportés par le torrent de la mousson. Papiers collants et autres détrituts de la déchèterie sont également du voyage, et tout ce petit monde défilent gentillement sous mon nez, encouragés par le couinement joyeux des porcinets qui semblent s’exclaffer à n’en plus finir sur ma piètre situation.

C’est un grand moment de solitude.

Ce sont dans ces instants précis que votre amour du pays et de l’expatriation sont mis à rude épreuve … Mais si, mais si, l’Inde est un pays formidable, j’adore.

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D
Suggestion : aller raconter cet épisode honteux sur ce site : "la plus grosse honte de votre vie"<br /> <br /> Voici le lien : http://forum.hardware.fr/hardwarefr/Discussions/Taupik-La-plus-grosse-honte-votre-sujet-8680-1.htm#t0<br /> <br /> Damien - cousin de Louis Escalon, qui s'est malencontreusement trompé de site...
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N
en me promenant sur ton blog et celui de Louis et Caro, je trouve que la vie en Inde ressemble un peu à celle au Bénin. Pour les grosses flaques, il m'ait arrivé de voir les feux de ma voiture disparaitre lors d'une traversée limite. Mais ça passe...<br /> <br /> En tout cas le blog est un bon concept, j'aurais dû faire ça.
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G
C'est sympa comme tout de te lire Elo!! Et j'imagine tout à fait la scène, quand tout bascule... dans l'eau saumâtre. Y'a des grosses flaques profondent aussi à Chennai quand il pleut en ce moment, la moto y roule en fendant les flots, mais en une nuit elles disparaissent.<br /> En espérant que tu auras de moins en moins de "moments de solitude", je te fais de grosses bises. A bientôt!
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